Au cœur de la capitale chilienne, une bibliothèque porte le nom de Fatima Mernissi

Image de couverture: 

Dans la commune de Cerro Navia, à l’ouest de Santiago, une bibliothèque municipale ouverte en 2023 rend hommage à la sociologue marocaine Fatima Mernissi. L’établissement, implanté dans un quartier populaire de la capitale chilienne, a été pensé comme un espace accessible au public et tourné vers l’échange culturel.

La création de cette bibliothèque est le résultat d’un partenariat entre la municipalité de Cerro Navia, l’ambassade du Maroc au Chili et le Centre Culturel Mohammed VI pour le dialogue des civilisations, installé à Coquimbo. Les trois institutions ont travaillé ensemble pour proposer un lieu favorisant l’apprentissage, la rencontre et la découverte mutuelle.

Le maire de la commune, Mauro Tamayo Rozas, a exprimé son attachement à ce projet lors d’un entretien avec SNRTnews. Il a souligné la portée symbolique de donner à une bibliothèque le nom de Fatima Mernissi, personnalité marocaine connue pour ses contributions majeures aux sciences sociales et pour son engagement en faveur du dialogue interculturel.

Fatima Mernissi, née en 1940 à Fès et décédée en 2015 à Rabat, est l’une des grandes voix intellectuelles marocaines du XXᵉ siècle. Formée au Maroc, en France et aux États-Unis, elle est docteure en sociologie et s’est intéressée très tôt aux transformations sociales dans les sociétés musulmanes.

Ses travaux, reconnus à l’international, ont porté sur les relations entre les femmes et les hommes, les traditions religieuses et les évolutions politiques du monde arabe. Elle publie en 1975 son premier ouvrage majeur, issu de sa thèse, qui sera rapidement considéré comme une référence dans les études sociologiques consacrées à la modernité et au genre.

À partir des années 1980, elle enseigne à l’université Mohammed-V de Rabat et participe à la vie intellectuelle marocaine tout en développant une réflexion accessible à un large public. Plusieurs de ses livres, parmi lesquels Le harem politique ou Rêves de femmes, ont contribué à diffuser sa pensée au-delà du milieu académique.

Engagée dans la société civile, elle a également lancé des initiatives dédiées à la culture, au dialogue et à l’émancipation sociale. Son influence s’est étendue bien au-delà du Maroc, lui valant plusieurs distinctions internationales, dont le prix Prince des Asturies en 2003 et le prix Érasme en 2004.