Interview avec Fatima Zibouh

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Fatima Zibouh, docteure en sciences politiques et sociales, est engagée depuis 25 ans dans la société civile belge et européenne. Belgo-Marocaine, elle œuvre pour le dialogue, l’inclusion et la valorisation des communautés. Dans cette interview, elle revient sur son parcours universitaire, ses projets culturels et associatifs, ses publications, ainsi que sur ses défis et sa vision de la politique au service de la collectivité.

E-taqafa : Qui est Fatima Zibouh ? Quel est votre parcours universitaire ?
Fatima Zibouh :
Je suis docteure en sciences politiques et sociales et engagée depuis 25 ans dans la société civile belge et européenne. En tant que Belgo-Marocaine, je suis fière de contribuer au rayonnement, au dialogue et à l’inclusion de toutes les communautés. Issue d’une famille d’immigration marocaine, mes grands-parents ont quitté les montagnes du Rif pour offrir à leurs enfants un avenir meilleur en Belgique. J’ai été la première universitaire de ma famille. Après mes études en sciences politiques, j’ai poursuivi avec un Master de spécialisation en droits humains et une certification en management. J’ai ensuite travaillé plus de dix ans dans la recherche académique sur la migration, la diversité culturelle et la participation politique.

E-taqafa : Comment votre parcours universitaire a-t-il contribué à faire de vous l’une des femmes les plus en vue de la scène politique belge ?
Fatima Zibouh :
Ce parcours universitaire m’a donné les outils nécessaires pour mieux comprendre les enjeux du monde contemporain et m’a permis d’acquérir une légitimité dans le débat public grâce à mes différentes interventions médiatiques. Je ne fais pas de politique électorale, je ne suis affiliée à aucun parti et je n’ai pas de couleur politique. Toutefois, il existe d’autres manières de faire de la politique : pour moi, cela signifie créer du changement et réduire les inégalités.

E-taqafa : Sur quels projets et quelles questions travaillez-vous actuellement ?
Fatima Zibouh :
Je travaille sur plusieurs projets variés, allant de l’engagement des femmes dans la société aux questions liées aux innovations démocratiques. Je participe aussi à des programmes de leadership et je préside une organisation de jeunesse à Bruxelles. Aujourd’hui, ma mission principale est d’assurer la co-responsabilité du projet visant à faire de Molenbeek/Bruxelles la Capitale européenne de la culture en 2030. C’est un défi majeur qui permet d’utiliser la culture comme un véritable outil de cohésion sociale.

E-taqafa : Vous avez récemment publié un nouveau livre, pouvez-vous nous en parler ?
Fatima Zibouh :
En 2025, j’ai participé à la co-rédaction de trois ouvrages. Le premier est consacré aux grands-mères et aux mères de l’immigration, et j’y ai dédié un chapitre à l’importance de ma mère (Allahi Rahma) dans mon parcours. Le deuxième regroupe des récits d’auteurs belgo-marocains, où j’ai écrit une lettre à mon fils pour lui rappeler l’importance de connaître son histoire et de ne jamais oublier ses racines marocaines. Le troisième est un ouvrage universitaire portant sur le bilan des 60 ans de l’immigration belgo-marocaine. Mon prochain défi est de publier un livre tiré de ma thèse de doctorat, consacré aux artistes belgo-marocains. Cet ouvrage est actuellement en cours de rédaction et j’espère qu’il pourra paraître avant la fin de l’année.

E-taqafa : Quels sont les défis et les difficultés que vous avez rencontrés ? Comment les avez-vous surmontés ?
Fatima Zibouh :
Derrière ce parcours se cachent de nombreuses épreuves et une grande résilience. Sans ces défis, je ne serais probablement pas devenue la personne que je suis aujourd’hui. J’ai toujours dû travailler davantage et me battre plus que les autres pour atteindre mes objectifs. J’ai été confrontée à la discrimination, ainsi qu’à des attaques racistes et islamophobes, mais je n’ai jamais renoncé à mon combat pour plus de justice, d’égalité et de dialogue entre les communautés. En 2024, j’ai eu l’honneur de recevoir le Trophée des Marocains du Monde et, en 2025, d’être désignée leader bruxelloise de l’année. Ces distinctions constituent une belle reconnaissance de mes 25 années d’engagement.

E-taqafa : Quels sont vos objectifs et projets pour l’avenir ?
Fatima Zibouh :
Bonne question ! Honnêtement, je n’ai jamais eu d’objectifs de carrière prédéfinis. Ce qui compte pour moi, c’est de renouveler chaque jour mon intention (niyya) afin de donner le meilleur de moi-même et de contribuer à plus de justice, de dialogue et d’inclusion, en particulier pour les personnes les plus fragilisées. Beaucoup m’imaginent un jour engagée en politique, mais je répète toujours que la politique n’est pas une finalité : c’est simplement un moyen d’être au service de la collectivité. Peu importe la forme que cela prendra, l’essentiel reste de transmettre aux autres ce que j’ai moi-même reçu.