Les greniers-citadelles d’Igoudar

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Situés à quelques kilomètres d’Ait Baha sur la route de Tafraout, les Igoudar d’Innoumar représentent un héritage patrimonial collectif hérité d’une génération à l’autre, avec une multitude de traditions qui témoignent de la richesse du patrimoine de la région

Le mot « Igoudar » signifie le pluriel d’Agadir qui est un mot amazigh dont le sens veut dire « grenier ». Littéralement en Amazigh « le grenier ensoleillé », ce sont en fait des greniers collectifs fortifiés ou greniers-citadelles, destinés à stocker des vivres dans des magasins et de l’eau dans des citernes, afin de faire face aux catastrophes qu’elles soient d’origine naturelle ou humaine (dans le cas d’une attaque).

De plus, ces Igoudar étaient considérés comme une banque. Les villageois y enfermaient leurs biens les plus précieux et savaient qu’ils étaient en sécurité. Qu’il s’agisse de farine, nourriture, blé, miel, huile, dattes, amandes, figues séchées, henné, bijoux, actes de mariage, titres de propriété (conservés dans des bambous évidés) … On trouvait de tout dans ces greniers, même des armes et des munitions pour pouvoir se défendre en cas d’attaque.

Mais les véritables gardiens de ces greniers collectifs étaient les chats. En effet, des ouvertures étaient pratiquées, toujours laissées ouvertes près de la porte, pour que les protecteurs félins puissent entrer facilement et lutter contre d’éventuels souris et rats qui pouvaient endommager les biens précieusement gardés dans ces cases.

S’étalant sur une superficie totale de 5.000 mètres, les Igoudar abritent 295 cases qui appartiennent à l’ensemble de la communauté locale. Ils ont été construits avec des pierres que le soleil rendit rouge, malgré tous les aléas de la nature. Personne n’est sûr de leur date de construction, ce que l’on sait est qu’ils ont été construits il y a plusieurs siècles par étapes successives.

En attendant d’inscrire les greniers collectifs Igoudars au patrimoine universel de l’Unesco, une convention a été signée pour la création d’un centre d’interprétation et de valorisation des Igoudars dans la commune d’Aït Baha.

Le projet nécessitera une enveloppe budgétaire estimée à 6MDH, le ministère de la Culture contribue par 3MDH, la Région Souss Massa (2.5MDH), le Conseil provincial de Chtouka Ait Baha (500.000Dh), alors que la collectivité territoriale d’Ait Baha livrera une assiette foncière.