Nadia Kounda, Actrice « Le cinéma me manque déjà »

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Actrice marocaine avec une facilité naturelle devant la caméra, elle choisit Montréal comme deuxième maison mais n’oublie jamais son pays d’origine où elle enchaine les projets avec Faouzi Bensaidi, Adil Fadili ou encore Yacine Fenane.

e-taqafa : En tant qu’actrice, est-ce le moment de tout oublier ou de travailler davantage, en attendant que tout rentre dans l'ordre?

Nadia Kounda : Chaque jour est différent : avant-hier, j'étais excitée, et hier j'ai déprimé. Je voulais tout oublier : qui sait quel monde nous allons accueillir à la fin de cette épidémie ? L’heure est au questionnement. Aujourd’hui, j'ai été plus active. Demain, je ferai du sport. Quand j’y réfléchis, le confinement est une habitude quand on est actrice. C’est essentiel à mon équilibre. Je m’enferme souvent pour me recentrer. Mais là, je sors de deux mois de confinement… (Rires). J’avais besoin de quelques semaines dehors. J’avais prévu d’aller me changer les idées à Marrakech… Mais Mère Nature en a décidé autrement.

 

e-taqafa : Quels livres reliriez-vous avec plaisir?

Nadia Kounda : Pas forcément relire mais découvrir ! J'ai vu circulé le livre de Leila Slimani « Le Pays des autres » sur les réseaux sociaux, je voudrais le commander. Mais sinon, je m'apprête à lire le livre de Latifa Serghini « Qui a tué Jalil Gharbaoui?».

 

e-taqafa : La musique qui vous ferait oublier l’isolement?

Nadia Kounda : Du Prince Royce (musique bachata latina) ou du Bob Marley... Bob Marley est toujours une bonne idée. Il me permet de m’évader. J’aime les ambiances musicales tropicales à la maison. Cela me permet de voyager et de m’activer aussi !

 

e-taqafa : L’artiste ou les artistes auxquels vous vous identifiez en ce moment?

Nadia Kounda : Actuellement, c'est l’humoriste Nawell Madani qui m’inspire. Je me retrouve dans ses posts, dans ses vidéos sur le confinement sur Instagram. Elle parle de ses journées en quarantaine et comment les femmes vont faire face à cela avec humour. J’aime beaucoup. Je me retrouve dans ce qu’elle dit. Elle me fait beaucoup rire !

 

e-taqafa : Les films qui vous feraient voyager?

Nadia Kounda : Le cinéma me manque déjà, aller au cinéma pour découvrir un film et s’évader manque à ma vie. J’avoue que le coronavirus a déjà changé pas mal de choses en moi. À chaque fois que je vois des gens se toucher ou s’embrasser dans les films, je pense au virus. Et cela m’angoisse. Les films ne me font pas voyager en ce moment, mais ça changera.

 

e-taqafa : Une scène de film qui vous a marquée?

Nadia Kounda : Une scène de « La Vie est belle », du réalisateur et acteur Roberto Benigni. La scène où il ment à son fils lorsqu’ils sont dans un camp de concentration et il lui fait croire que tout cela n’est qu'un jeu : mourir de faim, respecter le couvre-feu, se cacher. Et que s'il respecte les règles du jeu, ils vont gagner et il aura le droit de monter sur une voiture militaire. Une scène d’une émotion rare, qui m’émeut à chaque fois, même quand il ne s'agit que de la raconter. Que ne ferait pas un parent pour son enfant…

 

e-taqafa : Les séries à regarder en ce moment?

Nadia Kounda : Je dirai «Black Mirror», qui résonne beaucoup avec ce que l’on vit en ce moment. «Chernobyl», qui raconte la pire catastrophe causée par l’homme en 1986 ou encore «The Messiah» qui raconte le retour du Messie et le pouvoir de la croyance. Je sais: ce ne sont pas des séries drôles, elles sont même apocalyptiques…

 

e-taqafa : Les inspirations du moment?

Nadia Kounda : La vie, la nature, le minimalisme. Ce virus nous fait beaucoup réfléchir. Je regarde beaucoup des vidéos sur l'écosystème... Des vidéos sur la survie à base de cru, la survie sans feu. Hier, je suis tombée en panne de gaz et il y a pénurie dans le quartier en ce moment. J’ai dû me débrouiller autrement. Je fais attention à tout ce que j'allume, tous ce que je mange...

 

e-taqafa : Qu’est-ce que cela pourrait vous apprendre sur l’artiste que vous êtes?

Nadia Kounda : Que le capitalisme et la surconsommation, c’est dépassé, que l’on doit revenir au manuel. Le manuel, c’est le futur, la main-d'œuvre est essentielle. Et surtout, que l’on doit apprendre à vivre avec les végétaux, la nature, les animaux, et ne pas leur faire du mal....

 

e-taqafa :  À quel point l’isolement participe-t-il à la créativité?

Nadia Kounda : On apprend à s'accepter et à revenir à l'essentiel. En étant actrice, on s’expose souvent, on est exposé sur notre lieu de travail puisque l’on donne tout puis ont est exposé publiquement. De plus, je suis en perpétuelle création, je crée tout le temps, je travaille tout le temps. On atteint même un peu la folie parfois, lorsque l’on va chercher le personnage loin. Alors, s’isoler pour se recentrer, c’est essentiel. Mais à y réfléchir, créer n’est pas le dur. Le plus du est de ne rien faire.