Ouidad Elma, à visage découvert

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Sous ses airs poupins traversés de douceur, Ouidad Elma révèle une rare force et une vraie ténacité. Jeune actrice au physique tour à tour latin ou persan, elle affiche une carrière à coups de films au succès d'estime entre le Maroc et la France incarnant la génération du néo-Maroc. Récompensée par le prix d'interprétation féminine dans « 7 rue de la folie », présenté au 11e Festival de Cinéma et Migration à Agadir, elle revient sur ses choix, sa passion, ses multiples visages.

e-taqafa : Que vous inspire d'avoir été membre du jury du Festival d'Anjou ?

Ouidad Elma : C’était enrichissant. Je remercie Nicolas Briançon, Directeur artistique du festival, de m’avoir offert la possibilité de découvrir de très belles pièces, interprétées par de jeunes compagnies d'un talent remarquable. C’est un très beau festival de théâtre : les pièces qui s’y jouaient, étaient de qualité honorable et les thématiques plutôt originales.

e-taqafa : Vous avez incarnez récemment un rôle très physique et éprouvant dans « La Lisière » de Simon Saulnier, tourné dans une région au climat rude dans l'Est de la France ( Les Vosges , en altitude ) … Est-ce un nouveau défi pour vous ?

Ouidad Elma : En jouant le personnage de Hawa, j’ai exploré une dimension qui m’était jusque là, inconnue : la survie. La nécessité concrète de vivre libre. C’était très excitant et effrayant. J’aime particulièrement l’univers de Simon Saulnier, j’étais présente aux prémisses du film, lorsqu'il dessinait Hawa. Aussi, je l’ai sentie naître en moi. Le coté physique m’a beaucoup aidé à incarner ce personnage. J’étais évidemment sur les genoux à la fin de ce périple et j’ai adoré.

e-taqafa : Vous passez avec aisance d'un registre à l'autre, votre palette de composition est variée. Parlez-nous de ce nouveau rôle et du film où vous apparaissez voilée affichant un regard buté ?

Ouidad Elma : Il s'agit d’un épisode destiné à la série américaine « Tyrant », thriller politique, qui s'est tourné entre le Maroc et la Hongrie. J’y incarne une jeune femme qui vit dans un pays instable situé au Moyen-Orient aux prises avec une situation de tension. J’ai vraiment apprécié de travailler sous la direction de Gwyneth Horder-Payton, réalisatrice de cet épisode, elle savait ce qu’elle voulait rapidement. Et le travail de l’équipe de production marocaine chapeauté par la productrice Khadija Alami était excellent.

e-taqafa : A-t-il été complexe de se glisser dans la peau d'une autiste pour le film belge « 7, Rue de la Folie » réalisé par Jawad Rhalib et comment avez-vous abordé ce personnage ?

Ouidad Elma : C’est complexe comme tout rôle qu’on aborde au début, le travail de recherche sur mon personnage se construit au fur et à mesure jusqu'au plus fort du tournage. J’ai essentiellement basé mon travail, sur l’observation et mes propres ressentis dans des situations particulières. J’avais construit mon cadre, mes improvisations en découlaient. Il y a un peu de moi dans tous les personnages que je joue, je suis un peu autiste sur les bords... Le film « 7, Rue de la Folie » sortira le 7 octobre en Belgique, puis en France et au Maroc.

e-taqafa: Comment s'est déroulé le clip musical marocain où vous êtes aux côtés du comédien vedette Saïd Taghmaoui ?

Ouidad Elma : J’ai rencontré une équipe américano-marocaine formidable. Le réalisateur, est absolument dément : très vif, instinctif, pétri de génie, travailler avec lui s'est avéré un vrai bonheur. J’aime sa vision et il est bourré de talent. J’ai fait du drift pour la première fois de ma vie, pour le personnage de ce clip et j’ai découvert le plaisir de conduire comme dans les films.

e-taqafa : Votre filmographie marocaine est dense, c'est important de tourner activement au Maroc pour vous ?

Ouidad Elma : Oui, le Maroc est mon pays de toujours, j’y suis née et je trouve beaucoup de sens à y travailler. Et j’aime de plus, apporter ce coté un peu apatride que nous, « enfants de nulle part », nous apportons à nos pays. C’est une force, doublée d'une richesse.

e-taqafa : Comment suivre de près l'efflorescence de la jeune école de cinéastes marocains ?

Ouidad Elma : C’est très encourageant ce qui se passe au Maroc, le cinéma s’y développe vite et je suis très confiante sur ce qu’il apporte culturellement à l’ensemble du royaume et à la jeunesse. Cet élan positif remue les choses, il faut se battre pour notre liberté de créer au Maroc. C’est important,l’art est notre lanterne et éclaire notre vision sur la vie.

e-taqafa : Quel rapport entretenez-vous avec vos origines marocaines ?

Ouidad Elma : C’est en moi, ce sont mes tripes. Je suis française et marocaine. Il n'y a pas vraiment à réfléchir. Ça transparait sur moi.

e-taqafa : Qu'est-ce qui vous touche dans le métier d'actrice ?

Ouidad Elma : La générosité des actrices me touche sincèrement. Je trouve que c'est un acte très héroïque lorsqu'une actrice est sincère. Ce don vaut tout.

Propos recueillis par Fouzia Marouf.