Sidi Larbi Cherkaoui, danse sa vie

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Sidi Larbi Cherkaoui

Considéré comme l'un des danseurs et chorégraphes les plus phénoménaux de sa génération, Sidi Larbi Cherkaoui est né d’un père marocain et d’une mère flamande. Installé à Anvers, il a créé la compagnie Eastman en 2010. Pétri de rares capacités de contorsion, il a bouleversé la danse contemporaine au fil de prestigieux projets: le Grand Théâtre de Genève, les Ballets de Monte-Carlo, le Ballet de l'Opéra de Paris. Après une halte à Marrakech, où il a présenté le détonnant « 4 D », il entame actuellement une tournée avec les créations « Icon » en Suède puis « Fractus V » au Canada.

e-taqafa : Comment êtes-vous devenu danseur-chorégraphe ?

Sidi Larbi Cherkaoui : J’ai toujours eu recours à la réflexion. Aujourd’hui encore, je pense énormément mes créations. Aussi, j’ai ressenti très tôt l’envie de m’exprimer également par le corps. J’ai débuté la danse à l’âge de seize ans. Mes chorégraphies sont le fruit d’une réflexion particulièrement mûrie.

e-taqafa : Quelle thématique vous fascine-t-elle ?

Sidi Larbi Cherkaoui : je suis très marqué par le sentiment de perte : le fait qu’on puisse brusquement tout perdre. Je pense que c’est à cause de cela, que j’attache beaucoup d’importance à la notion de partage, unis on est bien plus fort que seul.

e-taqafa : Qu’est-ce qui vous inspire ?

Sidi Larbi Cherkaoui : la dimension philosophique de la vie, comme la spiritualité. J’ai été amené à séjourner en Asie auprès de moines, c’est un environnement auquel je suis sensible et attentif.

e-taqafa : Justement, la chorégraphie « 4D » animée de plusieurs tableaux amoureux est traversée de chants chinois d’une rare beauté...

Sidi Larbi Cherkaoui : C'est une création qui s’articule sur l'idée de l'exploration entre l'homme et la femme et bien au-delà, de l'humain. Ces duos de danseurs disent aussi, l’union de deux âmes : la grâce et l’élan de la jeunesse, l’éveil de l’amour, l’instinct de combativité.

e-taqafa : Avoir présenté cette création créée en Belgique à Marrakech au plus fort du Festival « On marche », est –il un acte chargé d’émotion pour vous ?

Sidi Larbi Cherkaoui : l’émotion était vraiment palpable, j’ai été touché par de nombreux sourires et applaudissements. Le contact direct avec le public marrakchi. Cela nous rappelle que voir un corps en mouvement, en contorsion sur scène est avant tout un moyen d’expression qui parle finalement au plus grand nombre.

e-taqafa : Vous êtes d'origine tangéroise par votre père, vous aimez être au Maroc ?

Sidi Larbi Cherkaoui : Absolument ! Je ressens cela de façon très intense. C’est de plus, la troisième fois que je viens à Marrakech. J'aime énormément l'ambiance diffuse de cette ville et plus largement, du Maroc. Et j’ai hâte d’y revenir...

Propos recueillis par Fouzia Marouf.