Je n’ai jamais quitté le Maroc.

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Contre toute frontière, Adil Haouata crée une humanité unie en dépit des différences. Né au Maroc, Adil a immigré en Belgique pour s’ouvrir « les portes », thème privilégié de ses débuts. Son travail artistique se focalise actuellement sur la frontière. Selon lui, sans ces frontières, l’immigration n’existerait pas. Elles sont à l’origine des malheurs du monde. Mais jamais du sien. Adil Haouata refuse de quitter le Maroc. Son immigration est géographique puisque son cœur et son âme sont restés liés à sa terre natale.

e-taqafa : Pourquoi ce choix de titre « L’au-Delà » ?

Adil Haouata : Je travaille sur la thématique des frontières. Que ces frontières soient tracées ou imaginaires. C’est un thème qui me tient à cœur car j’estime qu’elles sont la source de tous les problèmes que l'on vit actuellement dans le monde. Elles sont également la raison des différences linguistiques, religieuses, économiques... Je suis contre toute frontière entre les êtres humains. J'essaie à travers ce projet artistique de les estomper sur un support défini. Pour le choix du titre de cette exposition qui est « L’au-Delà », il s’agit en effet d’une continuité de ce sujet. Car tout ce que l'on a vécu, tout ce qu'on vit et tout ce que l'on vivra n'est qu'une récolte pour l'au-delà.

e-taqafa : La diversité des dimensions est-elle liée à un sens particulier des tableaux ?

Adil Haouata : La diversité des dimensions de mes œuvres, notamment le choix des cercles est une manière de prouver qu’il est possible de former une unité, en dépit des différences. Cette idée est le sujet principal de l’exposition et qui rejoint ma perception de refus de frontières. Que le tableau soit présenté en un cercle ou en un autre format, l’unité est là ! Le choix diversifié des dimensions est voulu pour exprimer ma conviction que rien ne peut nous séparer malgré les différences.

e-taqafa : Quels sont les autres thèmes que vous avez déjà abordés ?

Adil Haouata : A la fin des années 90, j'ai travaillé sur le thème des portes, qui est pour moi un point de changement entre l'intérieur et l'extérieur, une séparation entre l'intimité et le public. Après mon installation à l'étranger pour poursuivre mes études, j'ai ouvert ces portes pour m'ouvrir aux autres et travailler sur des frontières plus grandes et plus larges. Pour moi, l’art est une raison d’être et non pas un métier. L'art est mon équilibre spirituel. Mon voyage et mes études en Belgique ont joué un rôle très important dans mon parcours artistique.

e-taqafa : L’immigration en tant qu'expérience est-elle présente dans vos créations ?

Adil Haouata : Bien-sûr. L’ouverture sur d’autres cultures et d'autres civilisations donnent accès à d'autres portes. Un autre regard est porté sur la vie et qui se reflète évidemment sur le travail artistique. Je n'ai jamais ressenti que j’ai quitté mon pays le Maroc, je suis quotidiennement en contact avec mes amis résidant au Maroc, je dirais que je suis plus en contact avec eux qu’avec ceux qui habitent en Belgique. Je suis fidèlement l'actualité culturelle et artistique. Mon corps est en Belgique mais mon cœur et mon âme sont au Maroc !

e-taqafa : Que signifie pour vous ce retour au Maroc pour exposer à l'Espace Rivages ?

Adil Haouata : Exposer à l'Espace Rivages est une occasion pour présenter mon travail et « ma vision » de la thématique de la frontière. C’est en effet ma première exposition à Rabat. Je tiens à remercier les organisateurs de cette exposition pour leur professionnalisme et leur implication. Je salue cette belle initiative et tous les acteurs culturels qui militent pour bâtir les ponts entre les cultures.

Propos recueillis par Fatiha Amellouk pour e-taqafa.ma