Promouvoir la culture marocaine en général et valoriser l’image de la femme marocaine amazighe en particulier, ce sont les principales ambitions de la troupe « Kif-Kif Bledi ».
Dirigée depuis 2017 par Leila Talhaoui, Raïssa Leï de son nom de scène, cette compagnie a présenté du 27 mai au 18 juin 2022 « Amazigh Vortex », une œuvre chorégraphique faisant appel à des références, gestuelles et allégories de la culture amazighe. Composée d’une équipe majoritairement nord-africaine, le projet « Amazigh Vortex » vise à évoquer certaines idées en choisissant la danse comme moyen d’expression.
Rencontre avec Raïssa Leï, fondatrice de la troupe kif-kif Bledi.
E-taqafa : Que signifie le mot Amazigh Vortex?
Raïssa Leï : J’ai fait ce choix car la culture amazighe inspire plusieurs films et séries fantastiques internationaux sans pour autant valoriser les personnes issues de cette culture.
Le spectacle démarre avec l’apparition d’un vortex intergalactique qui menace la Terre. Des résistants amazighs sont alors appelés des quatre coins du globe pour sauver la planète. La pièce est jonchée d’allégories où le tourbillon du vortex contient en réalité toutes les souffrances qui nous touchent personnellement en tant qu’interprètes issus de l’immigration et vivant en France : le déracinement, les discriminations, les tabous de l’histoire coloniale, la double culture et la difficulté de la transmission des cultures traditionnelles.
E-taqafa : Pouvez-vous nous en dire plus sur ce spectacle ?
Raïssa Leï : Amazigh Vortex est un spectacle de danse qui mêle danses amazighes hiphop et clubbing (House dance, Waacking, Voguing) venant des USA.
L’équipe artistique est 100% nord-africaine : composition musicale (Cheb Runner), chant (Manel Layla), illustrations (Illustradil), création visuelle (Syncretical) et costumes (Zino).
Nous sommes 7 interprètes originaires du Maroc, Algérie, Tunisie, Liban et Sénégal : Hanane, Keemo, Zaïra, Hind, Tania, Astou et moi-même. Nous avons organisé également le festival KIF-KIF BLEDI Festival à Paris les 18 et 19 juin 2022 : Women Emporwer’Bent.
E-taqafa : Quels sont les principaux thèmes de cet évènement ?
Raïssa Leï : Nous avons choisi de mettre à l’honneur durant ce festival les femmes inspirantes autour de trois axes principaux : la culture, la thérapie de l’âme et la pression sociale autour de nos corps / cheveux. Des tables rondes, des performances de danses, des expositions ont été au programme.
E-taqafa : Quels sont les messages artistiques que vous souhaitez faire passer ?
Raïssa Leï : Notre message principal est de faire reconnaître en Europe les danses traditionnelles d’Afrique du Nord comme art à part entière, en particulier en tant qu’immigrés ou enfants d’immigrés.
Nous considérons que nous détenons un héritage très précieux sous forme de patrimoine culturel immatériel qui est menacé par l’exode rural et la difficulté de la transmission intergénérationnelle.
Nous utilisons la danse comme puissant vecteur ludique et universel pour faire passer des messages souvent compliqués à exprimer.