Présenté par le Maroc, le manuscrit Al Orjoza fi teb, attribué au philosophe et médecin andalou Ibn Toufail, a été inscrit, le 17 avril 2025, au registre Mémoire du monde de l’UNESCO, reconnaissant ainsi son importance en tant que témoignage exceptionnel du savoir médical dans le monde arabo-islamique médiéval.
Ce texte, rédigé au XIIe siècle sous forme de poème de 7 700 vers, est conservé à la prestigieuse bibliothèque Al-Quaraouiyine de Fès. Il se distingue par sa structure didactique, pensée pour faciliter la transmission et la mémorisation des connaissances médicales de l’époque. Classant de manière systématique les affections du corps humain, l’œuvre allie précision scientifique et élégance poétique.
L’inscription de Al Orjoza fi teb au programme Mémoire du monde s’inscrit dans une démarche plus large de valorisation et de sauvegarde du patrimoine documentaire universel. Lancée en 1992, cette initiative de l’UNESCO vise à préserver les archives, manuscrits et documents ayant une portée historique majeure.
Par cette reconnaissance, l’UNESCO met en lumière non seulement la richesse du patrimoine intellectuel marocain, mais aussi l’importance de transmettre ces savoirs aux générations futures, en les intégrant dans une mémoire partagée de l’humanité.
Ibn Toufail, né vers 1110 à Guadix et mort en 1185 à Marrakech, était un philosophe andalou de renom, également médecin, astronome et mathématicien. Conseiller du calife almohade Abu Yaqub Yusuf, il joua un rôle essentiel dans la vie intellectuelle de son temps, notamment en soutenant Averroès dans ses commentaires d’Aristote. Son œuvre la plus célèbre, Hayy ibn Yaqdhan, est un récit philosophique allégorique sur la connaissance intuitive, fortement influencé par le soufisme, Avicenne et la pensée grecque. Ce texte, traduit en plusieurs langues dès le XVIIe siècle, a profondément marqué la philosophie islamique et européenne, préfigurant les idées modernes d’autodidaxie et de tabula rasa.