Les Atlas aménagent, finalisent et contrôlent le bassin méditerranéen

Image de couverture: 
Gibraltar

Sur fond de substrats vieillis, et finalement très amortis par l’érosion, des systèmes montagneux décisifs, étaient venus se greffer. Ils ont ravivé les mécanismes tectoniques, rajeuni les reliefs, et commandé des extensions territoriales très utiles.

Nouvelles tendances planétaires du Maroc

a) diriger la finalisation du bassin méditerranéen, b) ériger le relief jeune des chaînes atlasiques maghrébines, et c) convoiter l’adhésion au club des pays privilégiés de la zone tempérée.

A partir du début du Mésozoïque, nos climats se sont inscrits dans une dynamique multiple. Ils se sont imprégnés des grandes tendances planétaires, tout en accompagnant le mouvement des plaques à travers les zones latitudinales.

Après un temps aussi long qu’une ère entière, où la norme a été aux climats chauds d’affinités tropicales, il s’est dessiné une orientation d’acheminement vers des ambiances plus tempérées. En fait, on en est encore, aujourd’hui, à traverser le saharien et le méditerranéen de rive S. Et, c’est justement sous ces latitudes, toujours relativement chaudes et sèches, que la montagne est un facteur considérable de modération des milieux et des tendances.

La montagne s’applique, continûment, à améliorer les conditions climatiques, hydrologiques et biogéographiques de l’ensemble régional, et sait en exporter les produits vers les bas pays environnants de plus grandes densités humaines.

Ce faisant, les nouvelles structures ont été en mesure, dans le même élan, d’achever la construction du Bassin méditerranéen, tout en en conservant les commandes dynamiques.

On en est arrivé à ce que la Péninsule Tingitane, soutenue dans son mouvement par le continent africain tout entier, règle l’ouverture du goulot de Gibraltar, face à la rive fixe que constitue l’Andalousie, elle-même figure de proue du môle eurasiatique. La péninsule du N marocain maîtrise ainsi le précieux débit que prête l’Océan Atlantique à la Mer Méditerranée. Il a été calculé que, sous ces latitudes, si elle venait à serrer davantage le Détroit, au point d’en tarir l’alimentation en eau océanique, et que cela devait durer juste un petit millier d’années d’histoire humaine, il en résulterait le cataclysme planétaire d’un assèchement intégral de toute la mer ainsi piégée. Bien évidemment, les retombées environnementales en seraient incalculables, et les biotopes planétaires complètement bouleversés.

Au début de tout ce processus, soit au moment géologique du relâche fini-paléozoïque, tout était à reconstruire. Pour donner au pays une telle maîtrise des destinées régionales, il a fallu investir toutes les prouesses structurales dont était capable la suite de l’histoire naturelle du pays. Cela représente plus de 230 millions d’années, soit près de 5 % de l’âge de la Terre, consistant en Mésozoïque, ou Ere Secondaire, augmenté du Cénozoïque, ou Eres Tertiaire et Quaternaire réunies, et ramenées jusqu’à nos jours. Cela a coïncidé exactement avec le cadre temporel et dynamique de l’élaboration des structures atlasiques et rifaines au Maroc, et de leurs équivalents de référence, dits alpins en Europe. Des nombreuses péripéties de cette évolution, l’approche ne permet que quelques stations significatives.

  • Les trois systèmes du Secondaire ont été employés à faire de la place, en créant de nouveaux bassins sédimentaires, et à emmagasiner un maximum de matière lithologique fraîche afin de l’investir dans le relief à venir.
  • Le Tertiaire a été l’ère des crises tectoniques ayant dessiné et donné une ébauche de corps à la montagne atlasique puis rifaine.
  • Enfin, le Quaternaire a considérablement amélioré les chantiers engagés, en poussant progressivement le pays dans la mouvance des climats tempérés, grâce à l’avènement du froid, aidé en cela par l’épanouissement de la montagne, qui a gagné en volume et en altitude.
  • La Terre Secondaire, ou Mésozoïque, est la planète la plus maritime. C’est, pour le Maroc, le temps de toutes les gestations.

Le Trias marocain ouvre deux chantiers essentiels : les entrebâillements de l’Atlantique, et l’ouverture des sillons fondateurs des Atlas

Le Trias est un système repère, particulièrement facile à reconnaître sur le terrain, grâce à ses matériaux caractéristiques et à sa coloration rouge assez invariable. C’est une période de distension structurale, marquée par la création de longs et profonds sillons tectoniques, ayant provoqué l’accumulation de matériaux sédimentaires terrigènes et chimiques, argiles et grès rutilants, souvent mêlés de sel, ainsi que l’épanchement tranquille de basalte injecté de filons de silice hydrothermale de fin des éruptions volcaniques.   

Il correspond de même, au Maroc, à un haut lieu de l’évolution des continents. En effet, les tranchées ainsi creusées sont de deux types extraordinairement importants :

  1. celles qui ont été investies dan l’ouverture première du rift appelé à devenir l’Océan Atlantique ;
  2. celles qui ont avorté, car les mers s’y sont résorbées ; mais qui ont changé de vocation, pour servir de berceau à la naissance de chaînes de montagne, en substance à nos Atlas. Les deux évolutions ont été simultanées, et ont concerné, en particulier, la période du Trias supérieur au Jurassique inférieur. À titre anecdotique, il semble que les rives primordiales de l’Océan Atlantique ont tranché dans le même grès rouge triasique des régions, alors voisines, de Marrakech et de New York (Fig. 7).

Fig. 7 : Ouverture primordiale de l’Océan Atlantique, dans les mêmes matériaux triasiques rouges, séparant les Etats-Unis du Maroc (Manspeizer et al., 78)

Le Jurassique confectionne la matière carbonatée des Atlas...
...et oriente le mouvement lourd du continent, manœuvré par le Toubkal, éternel poste de commandement continental

Le Jurassique a été, sans conteste, la période de remplissage du sillon haut et moyen atlasique par d’abondants matériaux marins carbonatés, calcaires et dolomitiques, alternant avec des marnes. Tout le système est considéré comme un moment géologique de grand calme. Une longue phase distensive, avec une tendance climatique au tropical assez humide. Les littoraux sont très découpés, et la mer est constellée d’îles, avec des récifs frangeants coralliens et des atolls à lagons.

En fait, en plus de cette ambiance de mers du Sud, les principales tendances tectoniques, pour la grande région, s’y sont jouées.

Le sillon atlasique est en réalité un grand golfe mésogéen dont le fond semble butter contre le versant E d’un massif du Toubkal, encore embryonnaire, mais ferme, s’appliquant de toute éternité à jouer un rôle planétaire. Le Toubkal s’interpose, en bout du monde, pour séparer le domaine mésogéen encore dominant, par rapport aux premiers balbutiements de l’Atlantique tout juste naissant, qui vient en baigner le rivage occidental (Fig. 9). Le Toubkal, actuellement point culminant du Maghreb (4167m), se refusait déjà, au Jurassique inférieur, aux assauts des deux mers, et servait, comme il n’a jamais cessé de le faire depuis, comme pivot de courbure antihoraire à l’ensemble du continent africain dans son formidable mouvement en direction du continent eurasiatique. On a pu parler du rouleau compresseur africain, mais sans jamais imputer à gloire l’impulsion, certainement décisive, donnée par le Toubkal. Il est bien évident que c’est ce mouvement précis du continent qui a découpé la Mer Méditerranée, dans sa facture actuelle, dans la masse de la Mésogée ou Téthys ancienne.    

Les schémas, qui suivent, illustrent la position du Toubkal, et sa structure de tréfonds continental extrêmement ancien, probablement éternellement précambrien, variablement érigé en poste de commande des Atlas et de sa plaque lithosphérique, activant et guidant le mouvement du continent. Ils montrent, de même, que le sillon marin d’accumulation des matériaux atlasiques est, lui-même, le produit d’un faisceau d’accidents qui procèdent orthogonalement, en failles transformantes, à partir de la Dorsale Médio-Atlantique, faisant d’ailleurs jaillir sur leur passage l’Archipel des Canaries (Fig. 8).

 Dorsale Médio Atlantique - Massif du Toubkal

Fig. 8 : Les failles transformantes, qui découpent la Dorsale Médio Atlantique, assurent le mouvement antihoraire de l’Afrique (Espenshade, 86)
Fig. 9 : Le Massif du Toubkal : pivot tectonique, guide le mouvement continental de verrouillage du Bassin Méditerranéen (Pique, 94)

Le Crétacé connaît un réchauffement inégalé... 
....un tournant biotique exceptionnel, et des mers épicontinentales spécialisées.  

Enfin, le Crétacé, complète la nomenclature des systèmes du Secondaire, et apparaît comme un véritable tournant bioclimatique, ayant produit des effets à la fois immédiats et durables.

Le plus spectaculaire en a été le réchauffement le plus important de tout le Phanérozoïque, soit depuis le début de l’Ere Primaire, il y a près de 600 millions d’années. Il est intervenu il y a 100 millions d’années, a fait fondre toutes les glaces, a relevé les niveaux des mers comme ils n’ont jamais pu l’être depuis. Il en est résulté, pour le Maroc, une des transgressions les plus généralisées. La transgression, dite cénomanienne, a contribué à vulgariser davantage l’usage des calcaires et marnes, partout dans le pays, avec tous les effets induits.

Les différenciations biotiques sont nombreuses. Il suffit de mentionner l’extinction bien connue des Dinosauriens, qui ont régné sans partage sur terre, en mer et dans les airs, pendant tout le Secondaire, laissant notamment dans les formations du Haut Atlas Oriental des collections de fossiles parmi les plus belles et les plus complètes au monde. Du fait de cette exclusion, les Mammifères, qui avaient été bloqués dans leur développement à l’ombre redoutable des Dinosaures, ont pris un nouveau départ pour un maximum d’épanouissement au Cénozoïque.

Les mers épicontinentales de transition au Cénozoïque ont de même connu un phénomène assez exceptionnel, où les accumulations phosphatées, localement bitumineuses, ont été massives. Sur terre, les gymnospermes, souvent réduits, dans le langage commun, à leur classe de conifères, et qui ont été seuls à constituer, jusque-là, les forêts, notamment celles du Carbonifère, et qui ont, justement, acquis une diversité sans précédant au Secondaire, vont progressivement céder de la place, puis leur suprématie aux arbres à fleurs, plus justement dits angiospermes.

Au Cénozoïque, les crises compressives charpentent des structures vigoureuses, aptes à tirer profit des perturbations atmosphériques des marges tempérées

Le Cénozoïque est la plus courte des ères, même si elle est compréhensive, admettant deux parties extrêmement inégales, elles-mêmes considérées comme ères autonomes : le Tertiaire et le Quaternaire.

Il est notoire que le Cénozoïque est surtout la grande époque des crises tectoniques. C’est, après la longue et fondamentale ère de gestation qu’est le Secondaire,  le temps de l’exposé des résultats terrestres les plus manifestes.

Le Tertiaire dessine toutes les formes modernes, mais encore seulement pour moitié de leur essor

Pendant le Tertiaire, qui compte normalement 63,2 millions d’années, le Maroc acquiert toute sa morphologie moderne ; tous les contours essentiels sont là, mais avec seulement un peu plus que la moitié des altitudes. Et, c’est le petit Quaternaire, auquel on ne reconnaît pas toujours le statut d’ère à cause de sa courte durée, à peine les deux derniers millions d’années de l’âge de la Terre, qui est censé avoir apporté quasiment la moitié de la stature du pays, dans un accès remarquable des exhaussements.

Dès le début du Tertiaire, assez précisément au milieu du système Eocène, les Moyen et Haut Atlas pointent leurs sommets hors de l’eau, chassent les mers de leurs bassins sédimentaires, et prennent leur essor, pour finir actuellement à plus de 3000m, dont, par exemple, les 3340m du Jbel Bou Naceur, qui domine le Moyen Atlas par le NE, ainsi que les 3750m au J. Ayachi, 4070m pour le Mgoun, et jusqu’aux 4167m du Toubkal, respectivement dans le Haut Atlas Oriental, Central et Occidental.

Le Rif, montagne alpine plus typée, ne tarde pas à surgir au-dessus de son bassin maritime, au cours du système suivant, dit Oligocène. Il est, au départ, plutôt solidaire de la Cordillère Bétique, mais tente de se rapprocher de la terre mère grâce à son style tectonique, cohérent avec les structures alpines, où dominent les nappes de charriage. Du fait qu’il participe de la nature des Alpes circumméditerranéennes, d’orientation W-E, au même titre que le Tell algérien ou la Kroumirie tunisienne, il crée avec la Cordillère Bétique la boucle qui sert à raccorder les deux branches majeures du système alpin, et à verrouiller efficacement la Méditerranée par l’W. Il décrit ainsi une concavité tournée vers le N, celle-là même qui a dessiné notre littoral méditerranéen. Comme dans tout le système alpin régional, où les plis ont été déséquilibrés par le serrage des rives de la Méditerranée, du fait de la poussée constante de la plaque africaine en particulier, leur déversement se fait vers l’extérieur de l’axe du bassin maritime. C’est ainsi que le Rif couche ses plis, envoie des nappes sur des dizaines de kilomètres, ou pousse des paquets de mélanges rocheux, dits olistostromes, en direction de son avant-pays ordinaire, au SW et surtout au S.

Au Miocène, il y avait encore un détroit marin sud-rifain, qui faisait communiquer l’Atlantique et la Méditerranée par les emplacements du Saïss, à l’intérieur du pays, et des Triffa, dans le NE. Il y avait, de même, une réplique parfaite, en situation nord-bétique, qui assurait un service identique en Andalousie.

Au Pliocène, dernier système de l’Ere Tertiaire, il n’y avait plus de jeu latéral possible entre les plaques lithosphériques, ni de réaction notable des nappes de charriage, et le sillon sud-rifain était comblé et rendu au continent. Au lieu de deux, il n’y avait plus qu’un seul détroit entre les deux mers, à la charnière de la boucle alpine, à l’emplacement du futur Détroit de Gibraltar (Fig. 10). Le pays avait alors finalisé l’ensemble de ses traits morphostructuraux (Fig. 11), le reste est investi pour davantage de volume et d’épanouissement naturel.

La faille transformante des Açores au Détroit de Gibraltar

Fig. 10 : La faille transformante des Açores, au Détroit de Gibraltar, brise la boucle extrême occidentale du système alpin universel, ici, en deux portions similaires (Espenshade, 86).
Fig. 11 : Esquisse morphostructurale du Maroc

C’est pourquoi les coups de boutoir de l’Afrique ne pouvaient plus se dissiper que par l’exhaussement en altitude. Les piémonts ont dû s’affaisser, par compensation, et un épisode lacustre de premier ordre s’y était installé, dans des paysages apparemment assez proches des ambiances tempérées. Ce serait donc au Pliocène que le Maroc a quitté la sphère tropicale, pour se rapprocher des latitudes tempérées qu’il effleure par leur marge méridionale méditerranéenne.

Le Quaternaire relève les reliefs et multiplie, de façon jusqu’alors inédite, les milieux bioclimatiques méditerranéens

Au Quaternaire, c’est donc le blocage latéral des plaques lithosphériques, opéré au Néogène, qui explique l’intensité disproportionnée des soulèvements topographiques. Le Rif, l’élément le plus récent, mais certainement le plus sensible aux pressions, du fait de la plasticité dominante de sa lithologie, majoritairement schisteuse et marneuse, culmine à 2450m au J. Tidighine. Avec les mêmes données structurales, le principal sommet de la Sierra Nevada andalouse, est de mille mètres plus élevé au Mulhacen, d’ailleurs point culminant de la Péninsule Ibérique toute entière. Cette dynamique a été ponctuée par des éruptions volcaniques, souvent basaltiques, massivement intervenues dans le Moyen Atlas Central.

Les crises tectoniques dites paroxysmales, car elles font référence aux phases principales d’individualisation des Atlas et du Rif, ont évidemment jalonné tout le Tertiaire, et se sont précipitées au Néogène. Les mouvements les plus récents, et qui répondent à la définition de néotectonique, puisqu’ils ont affecté des orogènes déjà constitués, et qu’ils s’expriment par des accidents en exhaussement, concernent les événements dynamiques quaternaires. Ils se sont répétés, variablement selon les situations géographiques, apparemment par trois fois. La première serait Moulouyenne, selon la nomenclature marocaine des étages du Quaternaire continental. Elle a souvent été appelée tectonique post-villafranchienne, et appartient, en tout cas, au Quaternaire Ancien. La deuxième et la troisième sont amirienne et soltanienne, et relèvent respectivement du Quaternaire moyen et récent.

Pour l’ensemble du Quaternaire, le pays ne semble avoir connu de climat que méditerranéen ; seulement les variantes ont été très fortes. Pour chacun des six étages classiques, le climat a été rythmé par un couple de grandes fluctuations très nettes de l’humidité et de la fraîcheur. Il aura donné une période pluviale, opposée à une période interpluviale ; le Maroc n’ayant quasiment pas été atteint par les Glaciations des hautes latitudes.         

Par conséquent, une fois complété, au N, par la montagne rifaine et la péninsule Tingitane, le Maroc était convenablement raccordé à l’ensemble continental eurasiatique, disposait de passerelles pour des mouvements dans les deux sens, et pouvait jouir, du fait de la proximité, des avantages des latitudes moyennes, autant qu’il a pu le faire à partir des zones tropicales. Il s’est ainsi constitué un patrimoine biotique de premier ordre, et d’une extrême diversité pour un environnement méditerranéen de rive sud.


Galerie: 
 Dorsale Médio Atlantique - Massif du Toubkal
La faille transformante des Açores au Détroit de Gibraltar
Plus d'informations : 
  • Bambach R. K. et al., 1980 : World geography in Late Permian time. American Scientist. 68 : 26-38.
  • Espenshade E.B. & Morrison J.L., 1986 : Goode’s World Atlas. Rand Mc Nally & Cy. New York, 367 p.
  • Fassi D., 1999 : Les formations superficielles du Saïs de Fès et de Meknès. Du temps géologique à l’utilisation actuelle des sols. Notes et Mémoire du Service Géologique. Direction de la Géologie, Rabat, n° 389, 527 p.
  • Fassi D., 2001 : Contraintes et potentialités de l’agriculture maghrébine. Comptes rendus de l’Académie d’Agriculture de France. Paris, vol. 87, n°2, pp. 129-145.
  • Manspeizer W. et al., 1978 : Geologic features in eastern North America in Late Triassic and Early Jurassic time. Geol. Soc. Amer. Bull. 89 : 901-920.
  • Pique A., 1994 : Géologie du Maroc. Les domaines régionaux et leur évolution structurale. Pumag. Rabat, 284 p.
  • Stanley S. M., 1986 : Earth and Life through Time. W. H. Freeman and Company. New York, 690 p.