L’artiste maroco-néerlandaise Karima El Fillali

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L’artiste-interprète maroco-néerlandaise Karima El Fillali a créé son propre style musical alliant les chants traditionnels aux tonalités contemporaines. L’artiste interprète somptueusement ses œuvres dans une ambiance spirituelle et engage son public, grâce à la sensibilité de sa voix ainsi qu’aux chefs-d’œuvre des grands noms du « tarab » qu’elle reprend, dans un voyage dans le temps.  

E-taqafa : Vous intéressez-vous à quels genres musicaux ?

Karima El Fillali : Je m’intéresse à la musique dans son ensemble. Ce qu’il faut savoir, c’est que dans ma vie, je ne me borne pas à un genre musical spécifique. J’écoute tout car je pars du principe que la bonne musique n’a aucune limite. Assurément, chaque genre à quelque chose à offrir en concordance avec l’humeur de l’être humain qui, naturellement, est amené à vivre diverses expériences et à ressentir un flot d’émotions durant sa vie. Par exemple, j’écouterai des œuvres musicales aux tonalités vivaces quand j’éprouverai une vive envie de danser et inversement quand j’attraperai un coup de blues. Néanmoins, les titres de Oum Kalthoum et ceux de Björk m’inspirent d’une façon on ne peut plus profonde.

E-taqafa : Pourquoi avez-vous particulièrement choisi ce style ?

Karima El Fillali : J’ai créé mon propre style parce que je ne pouvais pas me retrouver dans les styles existants. J’ai découvert le pouvoir de la voix humaine dans le chant « tarab » lors des nuits spirituelles au Maroc. J’ai ensuite été formée par un maître de chant soufi, au côté duquel j’ai appris de nouvelles techniques en me rodant aux nouvelles influences. J’ai dû appliquer tout le savoir-faire enseigné dans mon travail artistique à mon retour aux Pays-Bas. C’est ce que l’on appelle la transcendance et c’est ce qu’il y a de plus beau dans le domaine de la musique.

E-taqafa : Comment êtes-vous parvenue à maîtriser la langue des chefs-d’œuvre que vous interprétez, en l’occurrence l’arabe classique ?

Karima El Fillali : Ma mère est hollandaise et mon père marocain. Ils ont divorcé quand j’étais jeune et j’ai grandi avec ma mère. Enfant, je n’ai malheureusement pas eu la chance d’apprendre la darija, car nous parlions tout le temps néerlandais à la maison. Je ne pouvais pas concevoir qu’il m’était impossible de tenir une conversation en bonne et due forme avec la moitié de ma famille, surtout avec ma grand-mère que j’aime beaucoup, pour cause de la barrière linguistique. Alors au début de la vingtaine, je me suis installée au Maroc pendant un an. Je me suis inscrite à des cours d’arabe ‘fushâ’ (arabe littéral) et plus tard aux cours de ‘tajweed’ (technique de lecture du Saint Coran).

E-taqafa : Par quelle approche artistique abordez-vous vos œuvres ?

Karima El Fillali : Au fait, ma musique combine la poésie soufie millénaire et les techniques traditionnelles du chant arabe, avec en plus des compositions contemporaines et des rythmes nouveaux. Je cocrée cette musique avec le compositeur Kaveh Vares et le producteur de Hip Hop Daniel Tiuri Wils (SENSE). Mon objectif est faire de la musique qui honore à la fois la tradition et la nouveauté. Une musique enracinée dans le patrimoine, mais qui résonne dans l’époque actuelle. Une musique audacieuse et perturbatrice. Je m’exerce à un art qui relie les gens aux couches les plus profondes d’eux-mêmes.

E-taqafa : Pas plus tard que le 13 avril 2023, vous avez participé à un spectacle au Maroc. Comment s’est passé votre concert ?

Karima El Fillali : Ce fut une belle soirée avec un public formidable. Pour la première fois, j’ai chanté des chansons de mon répertoire Bihar El Hawa dans un cadre acoustique intimiste, rythmé aux intonations de l’Oud. C’était en réalité la première fois que je chantais ces chansons devant un public arabophone qui comprend parfaitement le sens de la poésie. J’ai senti une forte connexion avec les invités. J’espère vraiment revenir au Maroc pour me produire à nouveau.

E-taqafa : Quelles sont vos nouveautés ?

Karima El Fillali : En ce moment, je suis concentrée sur un nouvel album en solo et un autre en duo (Shakuar). Je suis active sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, pour ceux qui souhaitent être au fait de mes nouveautés en temps réel.


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