Touria Bourouissa créatrice de bijoux

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« J’ai toujours été sensible à la culture berbère »

Véritable pont entre la France et le Maroc, Touria Bourouissa crée des bijoux et déniche les plus belles pièces pour faire le bonheur de Montreuil, son quartier de cœur. Entre ses deux pays, elle a trouvé un équilibre pour nourrir ses créations de son amour pour l’artisanat et la culture berbère. Rencontre.

 

e-taqafa : Comment est née l’idée d’apporter un peu de Maroc à Paris ?

TB : Ma vie professionnelle actuelle est le fruit d’un heureux hasard. Enfermée dans un schéma trop classique après des années passées dans le secteur du tourisme, j’optais pour un nouveau type d’activité. J’avais besoin d’un épanouissement personnel. Il fallait trouver...  le déclic ! Lors d’un voyage à Essaouira, le destin m’a amené à faire la connaissance d’un artisan local. Ses chaussures sur mesure en raphia m’apparurent si originales, que je ne résistais pas à l’envie de lui demander de m’en confectionner une paire. De retour dans le métro parisien, je fus agréablement surprise en constatant le grand intérêt des voyageurs pour ce que je portais aux pieds. Nombreux étaient les regards, et les questions posées sur la provenance de mon modèle. Ainsi a mûri mon projet, que nous avons mis en place avec la « dame au raphia ».

 

e-taqafa : Comment avez-vous décidé d’en faire un métier ?

TB : Evidemment, il a fallu réfléchir et travailler sur sa réalisation, les stratégies marketing, les modalités d’acheminement des produits à proposer. Dans un premier temps, j’ai décidé d’organiser des expositions à Paris, où j’ai pu mesurer le franc succès remporté par mes nouvelles créations auprès des populations diversifiées, jeunes et moins jeunes ; d’autant que parallèlement, je proposais des bijoux (réalisations personnelles), en pierres fines (améthystes, grenat, labradorite, lapis-lazuli...), glanées au fil de mes voyages et auxquelles je voulais apporter un cachet spécifique et personnalisé. De nombreuses clientes ont manifesté un engouement authentique pour mon savoir-faire.

 

e-taqafa : Quelle est la particularité de votre bijou, de vos créations ?

TB : Cette activité, je me dois de le souligner, m’a permis de découvrir et de développer mes talents de créatrice. À travers mes créations, qui m’ont demandé beaucoup de travail et de réflexion, j’avais également à cœur de transmettre un message. J’ai toujours été sensible à la culture berbère, aussi ai-je voulu la placer au premier plan, la faire connaître comme un patrimoine traditionnel riche, porteur de belles valeurs ancestrales. En créant pour la femme d’aujourd’hui, moderne, active, les bijoux d’antan, symboles d’un passé, d’un vécu, d’une histoire, je perpétue cette culture à travers une dimension esthétique renouvelée. Par leur beauté, mes œuvres originales peuvent être exposées chez soi... ou ailleurs, pareilles aux croix touaregs, magnifiques pièces à porter ou à exposer : une double fonction pour chacun ; trouver l’objet rare, le reflet d’une époque qui m’encourage à mener des recherches en sillonnant nos magnifiques souks si riches en trésors, pour la chineuse expérimentée que je suis.

 

e-taqafa : En quoi consiste votre activité ?

TB : Mon activité se décline à travers plusieurs volets : expositions, ventes, participation aux événements festifs et culturels. L’objectif principal étant toujours de transmettre et véhiculer la beauté de nos savoir-faire. Le secteur artistique et musical dans lequel j’exerce une activité au contact de nombreux artistes contribue à placer mes différentes réalisations à l’honneur. Concrètement, mon travail se traduit par l’exposition de plaid en fibres d’Aloe vera (sabra), de tapis et coussins berbères et, cela va de soi, de bijoux. Cet ensemble de jolies choses colorées et originales laisse très rarement le visiteur parisien indifférent.

 

e-taqafa : Comment est l’accueil parisien justement ?

TB : Paris, capitale de la mode, fourmille de connaisseurs toujours à l’affût de nouveautés de plus en plus venues d’ailleurs. Afin de combler cette demande, je dois régulièrement partir à la rencontre d’artisans capables de réaliser ces plaids, et des tisserandes du Moyen Atlas pour les tapis. Ces moments de partage au contact de ces femmes et ces hommes qui réalisent un travail remarquable pour préserver nos traditions, constituent pour moi des parenthèses d’une richesse inouïe.

 

e-taqafa : A quel point ce projet est important ?
TB :Cette magnifique aventure dure depuis quinze ans. Les difficultés, les contraintes, les impondérables de la vie, les innombrables déplacements entre les deux pays, primordiaux pour pérenniser mon projet avec tous ces artistes, ne sauraient me faire baisser les bras. Je ne retiens que la magie des rencontres, des échanges, et surtout la volonté d’atteindre mon objectif : mettre à l’honneur notre savoir-faire, notre richesse culturelle, et surtout le sentiment puissant de représenter un lien entre ces deux cultures, des deux côtés de la Méditerranée. Un sentiment qui me comble et m’épanouit.


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