À Paris, jsuqu’au 8 février 2026, Lafayette Anticipations présente une installation sonore inattendue conçue par l’artiste marocaine Meriem Bennani. L’œuvre, intitulée Sole Crushing, transforme de simples tongs en un ensemble percussif dont les rythmes occupent plusieurs niveaux du bâtiment. Pensée initialement pour un espace d’exposition milanais avant d’être adaptée à Paris, cette création marque une nouvelle étape dans le parcours de l’artiste, longtemps associée à la vidéo et à l’animation.

Connue pour ses films réalisés pendant le confinement, Meriem Bennani explore aujourd’hui d’autres formes d’art. Sole Crushing s’inscrit dans cette évolution. L’installation s’inspire de séquences en ligne qui nourrissent depuis toujours son travail, notamment des vidéos de supporters de football marocains dont les chants collectifs lui ont servi de point de départ. Elle y voit un langage chorégraphique et politique, une manière pour des groupes de manifester une émotion partagée dans un contexte où la parole individuelle reste parfois contrainte.

Pour construire cette pièce sonore, Bennani a réuni une grande variété de sandales achetées au Maroc, chacune choisie pour son style ou son histoire potentielle. L’ensemble est animé par une composition originale réalisée en collaboration avec le musicien Cheb Runner. Les rythmes obtenus passent d’une célébration bruyante à des séquences plus graves, rappelant la puissance d’une foule en mouvement. La dimension artisanale et expérimentale du projet se poursuit jusque dans les éléments ajoutés pour l’édition parisienne, dont un dispositif tubulaire inspiré de vidéos vues en ligne.

Cette installation marque également un tournant dans la pratique de l’artiste, qui s’affranchit ici complètement des écrans pour travailler avec l’espace et le volume. Cette transition intervient alors que Bennani finalise Bouchra, son premier long-métrage d’animation coréalisé avec Orian Barki, présenté dans plusieurs festivals internationaux.

À travers Sole Crushing, Meriem Bennani propose une réflexion sur les formes d’expression collective, la mémoire visuelle contemporaine et la manière dont les objets ordinaires peuvent devenir les vecteurs d’un récit social partagé.