L’hymne à la mère de Rachid Benzine

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Dans son dernier ouvrage « Ainsi parlait ma mère », le politologue et écrivain, Rachid Benzine, raconte une relation mère-fils d’une mère issue de l’immigration en fin de vie et d’un  cinquantenaire qui reste un éternel enfant au chevet de sa génitrice. Une fresque touchante et pleine de vérités sur la société dans laquelle nous vivons.

Pour son premier roman, l’islamologue modéré opte pour un sujet universel : la relation entre une mère et son fils. Une mère issue de l’immigration qui ne sait ni lire ni écrire et qui est sur son lit d’hôpital, mourante et à son chevet l’enfant de l’immigration qui a réussi et qui est devenu enseignant. Tout les sépare, surtout la langue française pourtant c’est bien la littérature et la musique qui va guérir leurs blessures.

Dans « Ainsi parlait ma mère », Rachid Benzine met en avant cette culture orale riche qui se perd et dont on ne mesure pas l’importance, cette génération porteuse de toutes les réponses et de tous les silences, même si elle a vécu à coup d’humiliations et de vexations. « Ma mère n'a jamais vraiment compris le français. Alors quand un médecin ou un employé de la sécurité sociale ou un professeur d'école lui posait une question, elle a toujours répondu invariablement " oui" sans se soucier davantage des effets de sa réponse. Cela nous a valu des ennuis avec la terre entière, la police, les impôts, les services sociaux, la banque les hôpitaux et toutes les administrations » raconte le narrateur du livre. Pourtant, cette même mère aimait qu’on lui lise des passages de « Peau de chagrin » de Balzac, qu’elle connaissait par cœur. Sûrement attiré par le même sort que cette peau dont l’énergie vitale s’affaiblit à chaque vœu exaucé. Car son seul vœu à elle, c’est le bonheur des enfants. Rachid Benzine parle d’ailleurs du sacrifice de cette génération d’avoir tout supporté, tout vécu pour que leurs enfants puissent avoir une meilleure vie.

Jamais misérabiliste voir larmoyant, le premier roman de  Rachid Benzine, connu comme enseignant chercheur associé au Fonds Ricoeur , islamologue auteur de nombreux essais dont le dernier est un dialogue avec Delphine Horvilleur, « Des mille et une façons d'être juif ou musulman » et de la pièce de théâtre à succès « Lettres à Nour » , est un hommage à « nos vieux », une façon de leur dire Merci. Un « Merci » à travers la culture, l’amour des mots, et la musique de Sacha Distel, puisque « Quand on est vieux on a besoin de ses enfants pour finir le chemin ».